La Manic

 https://youtu.be/1Qgazw7dFOc

Version Jean-Marie Vivier

La Manic

Si tu savais comme on s'ennuie
À la Manic
Tu m'écrirais bien plus souvent
À la Manicouagan
Parfois je pense à toi si fort
Je recrée ton âme et ton corps
Je te regarde et m'émerveille
Je me prolonge en toi
Comme le fleuve dans la mer
Et la fleur dans l'abeille
Que deviennent quand j'suis pas là
Mon bel amour
Ton front doux comme fine soie
Et tes yeux de velours
Te tournes-tu vers la Côte-Nord
Pour voir un peu pour voir encore
Ma main qui te fait signe d'attendre
Soir et matin je tends les bras
Je te rejoins où que tu sois
Et je te garde
Dis-moi c'qui s'passe à Trois-Rivières
Et à Québec
Là où la vie a tant à faire
Et tout c'qu'on fait avec
Dis-moi c'qui s'passe à Montréal
Dans les rues sales et transversales
Où tu es toujours la plus belle
Car la laideur ne t'atteint pas
Toi que j'aimerai jusqu'au trépas
Mon éternelle
Nous autres on fait les fanfarons
À cœur de jour
Mais on est tous des bons larrons
Cloués à leurs amours
Y en a qui jouent de la guitare
D'autres qui jouent d'l'accordéon
Pour passer l'temps quand y est trop long
Mais moi je joue de mes amours
Et je danse en disant ton nom
Tellement je t'aime
Si tu savais comme on s'ennuie
À la Manic
Tu m'écrirais bien plus souvent
À la Manicouagan
Si t'as pas grand chose à me dire
Écris cent fois les mots "je t'aime"
Ça fera le plus beau des poèmes
Je le lirai cent fois
Cent fois, cent fois c'est pas beaucoup
Pour ceux qui s'aiment
Si tu savais comme on s'ennuie
À la Manic
Tu m'écrirais bien plus souvent


Écrite en 1966, cette chanson s'intitule La Manic, elle est l'œuvre du Québécois Georges Dor et on a dit qu'elle est comme une fusion originale de la chanson d'amour et de la chanson de chantier... Donc, en première analyse, comme une chanson d'amour et de travail. Ce qu'elle est... Mais tu verras à l'écoute, on pourrait tout aussi bien – si l'on ne savait pas que la Manic n'est autre qu'un immense chantier du grand nord où s'en allaient pendant des mois et des années travailler et crever des ouvriers. C'est une autre forme de l'émigration, celle de Québécois à l'intérieur de leur grand pays. Si l'on ne savait pas cela, on pourrait la prendre pour une chanson de camp de travail ( ce qu'elle est), de camp de concentration, de bagne, de prison ou de tout lieu (casernes, asiles – manicomi...) d'enfermement.